En 2018, Joy Buolamwini, une chercheuse afro-américaine au Massachusetts Institute of Technology (MIT) avait démontré que les logiciels de reconnaissance faciale fonctionnaient mieux sur des hommes à peau claire que sur des femmes à peau foncée, parce que les algorithmes s’appuyaient sur des bases où les hommes blancs étaient mieux représentés. Une étude publiée en 2017 par la revue « Science » avait révélé que les outils de traitement du langage associent souvent les prénoms féminins avec des activités à caractère social et familial, et les prénoms masculins avec des activités à caractère professionnel.
Ces anomalies montrent à quel point il est important pour les femmes de prendre part au développement des outils d’intelligence artificielle. Emmanuel Macron, le président de la République, avait d’ailleurs annoncé dans son discours de remise du rapport de Cédric Villani sur l’IA, le 29 mars dernier au Collège de France, que les outils d’IA ne doivent pas être développés uniquement par des « mâles blancs quadragénaires ». Or, « Dans certaines filières comme l’informatique, la mécatronique ou l’électronique, la proportion de filles tourne même autour de 10 %, avait indiqué Marc Renner, le président de la Cdefi (Conférence des directeurs d’écoles françaises d’ingénieurs).
Un constat confirmé par une étude de l’entreprise canadienne Element AI, dont les résultats ont été publiés récemment. Ainsi, on découvre que les femmes ne représentent que 12% du nombre de chercheurs en IA dans le monde. Ce chiffre, qui s’élève à 14,8 % en France, révèle qu’il reste du chemin à faire en matière de parité homme-femme dans le secteur de l’IA. L’engagement en faveur d’une présence plus conséquente des femmes en IA ne s’explique pas uniquement par les considérations de principe, mais surtout par la nécessite d’éviter des biais qui pourraient avoir des conséquences pour le moins incertaines sur la société.